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UNE RUSE.

partout, et nous voilà montant sur la pointe des pieds. La bonne, effarée, était assise par terre au haut de l’escalier, avec une bougie allumée à son côté, n’ayant pas osé demeurer près du mort.

« Et je pénétrai dans la chambre. Elle était bouleversée comme après une lutte. Le lit fripé, meurtri, défait, restait ouvert, semblait attendre ; un drap traînait jusqu’au tapis ; des serviettes mouillées, dont on avait battu les tempes du jeune homme, gisaient à terre à côté d’une cuvette et d’un verre. Et une singulière odeur de vinaigre de cuisine mêlée à des souffles de Lubin écœurait dès la porte.

« Tout de son long, sur le dos, au milieu de la chambre, le cadavre était étendu.

« Je m’approchai ; je le considérai ; je le tâtai ; j’ouvris les yeux ; je palpai les mains, puis, me tournant vers les deux femmes qui grelottaient comme si elles eussent été gelées, je leur dis : « Aidez-moi à le