Page:Maupassant - Maison d’artiste, paru dans Le Gaulois, 12 mars 1881.djvu/12

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trop tôt, les initiateurs ainsi que les Goncourt, il faut que ces hommes-là soient morts pour qu’on consente à les saluer. Edmond de Goncourt, pourtant, a vu son heure arriver. On a compris enfin cet art raffiné, subtil, tout en nerfs, saisissant les nuances des nuances, les délicatesses infinies, les souffrances des choses.

Son frère et lui sont des fouilleurs : des fouilleurs du passé, et des fouilleurs de la vie, et des fouilleurs de la langue. Ils ont trouvé partout, dans le passé, dans la vie, dans la langue, des richesses qu’on ne connaissait pas.

Son frère mort, Edmond de Goncourt a continué l’œuvre. Il travaille sans cesse pour échapper à l’existence, comme il le dit, comme il l’a écrit : « L’horreur de l’homme pour la réalité lui a fait trouver ces trois échappatoires : l’ivresse, l’amour, le travail. »

Après le livre qui paraît aujourd’hui, il se remettra au roman, au roman qui fait tout oublier, qui emporte l’écrivain