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l’héritage

affaires. M. Torchebeuf, surpris, lui demanda : « Vous êtes distrait, aujourd’hui, monsieur Lesable ? » Et Lesable, nerveux, répondit : « Je suis très fatigué, cher maître, j’ai passé toute la nuit auprès de notre tante dont l’état est fort grave. »

Mais le chef reprit froidement : « Du moment que M. Cachelin est resté près d’elle, cela devrait suffire. Je ne peux pas laisser mon bureau se désorganiser pour des raisons personnelles à mes employés. »

Lesable avait placé sa montre devant lui sur sa table et il attendait cinq heures avec une impatience fébrile. Dès que la grosse horloge de la grande cour sonna, il s’enfuit, quittant, pour la première fois, le bureau à la minute réglementaire.

Il prit même un fiacre pour rentrer, tant son inquiétude était vive ; et il monta l’escalier en courant.

La bonne vint ouvrir ; il balbutia : « Comment va-t-elle ?

« — Le médecin dit qu’elle est bien bas. »

Il eut un battement de cœur et demeura tout ému : « Ah ! vraiment. »

Est-ce que, par hasard, elle allait mourir ?

Il n’osait pas entrer maintenant dans la chambre de la malade, et il fit appeler Cachelin qui la gardait.

Son beau-père apparut aussitôt, ouvrant la