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l’héritage

Maze, découragé, s’assit et déclara : « Maintenant, il reste à vider la question d’honneur. Voulez-vous me servir de témoins et aller demander à M. Lesable, soit des excuses suffisantes, soit une réparation par les armes ? »

Tous deux acceptèrent et on se mit à discuter la marche à suivre. Ils n’avaient aucune idée de ces sortes d’affaires, mais ne voulaient pas l’avouer, et, préoccupés par le désir d’être corrects, ils émettaient des opinions timides et diverses. Il fut décidé qu’on consulterait un capitaine de frégate détaché au ministère pour diriger le service des charbons. Il n’en savait pas plus qu’eux. Après avoir réfléchi, il leur conseilla néanmoins d’aller trouver Lesable et de le prier de les mettre en rapport avec deux amis.

Comme ils se dirigeaient vers le bureau de leur confrère, Boissel s’arrêta soudain : « Ne serait-il pas urgent d’avoir des gants ? »

Pitolet hésita une seconde : « Oui, peut-être. » Mais pour se procurer des gants, il fallait sortir, et le chef ne badinait pas. On renvoya donc le garçon de bureau chercher un assortiment chez un marchand. La couleur les arrêta longtemps. Boissel les voulait noirs ; Pitolet trouvait cette teinte déplacée dans la circonstance. Ils les prirent violets.

En voyant entrer ces deux hommes gantés et solennels, Lesable leva la tête et demanda