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l’héritage

Cachelin, en apercevant les fleurs, s’écria :

« Ça, au moins, c’est distingué. » Et sa fille se rappela que Lesable n’en avait point apporté le jour de sa présentation. Le beau commis semblait enchanté, riait en bon enfant, qui vient pour la première fois chez de vieux amis, et lançait à Cora des galanteries discrètes qui lui empourpraient les joues.

Il la trouva fort désirable. Elle le jugea fort séduisant. Quand il fut parti, Cachelin demanda : « Hein ! quel bon zig, et quel sacripan ça doit faire ! Il parait qu’il enjôle toutes les femmes. »

Cora, moins expansive, avoua cependant qu’elle le trouvait « aimable et pas si poseur qu’elle aurait cru ».

Lesable, qui semblait moins las et moins triste que de coutume, convint qu’il l’avait « méconnu » dans les premiers temps.

Maze revint avec réserve d’abord, puis plus souvent. Il plaisait à tout le monde. On l’attirait, on le soignait. Cora lui faisait les plats qu’il aimait. Et l’intimité des trois hommes fut bientôt si vive qu’ils ne se quittaient plus guère. Le nouvel ami emmenait la famille au théâtre, en des loges obtenues par les journaux.

On retournait à pied, la nuit, le long des rues pleines de monde, jusqu’à la porte du ménage Lesable. Maze et Cora marchaient devant, d’un pas égal, hanche à hanche, balancés d’un même