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l’héritage

Cachelin répondit : « Parbleu ! » et remarqua que son collègue, au contraire, ne paraissait point enchanté. Les hommes n’aiment guère voir en cet état, que ce soit ou non par leur faute, les femmes dont ils sont les fidèles.

Tous les dimanches, cependant, Maze continuait à dîner dans la maison. Mais les soirées devenaient pénibles à passer ensemble, bien qu’aucun désaccord grave n’eût surgi ; et cet étrange embarras grandissait de semaine en semaine. Un soir même, comme il venait de sortir, Cachelin déclara d’un air furieux : « En voilà un qui commence à m’embêter ! »

Et Lesable répondit : « Le fait est qu’il ne gagne pas à être beaucoup connu. » Cora avait baissé les yeux. Elle ne donna pas son avis. Elle semblait toujours gênée en face du grand Maze qui, de son côté, paraissait presque honteux près d’elle, ne la regardait plus en souriant comme jadis, n’offrait plus de soirées au théâtre, et semblait porter, ainsi qu’un fardeau nécessaire, cette intimité naguère si cordiale.

Mais un jeudi, à l’heure du diner, quand son mari rentra du bureau, Cora lui baisa les favoris avec plus de câlinerie que de coutume, et elle lui murmura dans l’oreille :

« — Tu vas peut-être me gronder ?

« — Pourquoi ça ?

« — C’est que… M. Maze est venu pour me