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l’héritage

peu sa tête bouffie où semblait s’éveiller un commencement d’attention.

Pitolet, au milieu du bruit des voix, glissa dans l’oreille de son voisin Boissel : « Elle a l’air d’une petite Mazette. »

Le mot courut au ministère, le lendemain.

Cependant, deux heures venaient de sonner : on avait bu les liqueurs, et Cachelin proposa de visiter la propriété, puis d’aller faire un tour au bord de la Seine.

Les convives, en procession, circulèrent de pièce en pièce, depuis la cave jusqu’au grenier, puis ils parcoururent le jardin, d’arbre en arbre, de plante en plante, puis on se divisa en deux bandes pour la promenade.

Cachelin, un peu gêné près des dames, entraîna Boissel et Pitolet dans les cafés de la rive, tandis que Mmes Torchebeuf et Lesable, avec leurs maris, remonteraient sur l’autre berge, des femmes honnêtes ne pouvant se mêler au monde débraillé du dimanche.

Elles allaient avec lenteur, sur le chemin de halage, suivies des deux hommes qui causaient gravement du bureau.

Sur le fleuve, des yoles passaient, enlevées à longs coups d’aviron par des gaillards aux bras nus dont les muscles roulaient sous la chair brûlée. Les canotières, allongées sur des peaux de bêtes noires ou blanches, gouvernaient la barre,