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idylle

fleurs mêlées aux souffles d’air que le mouvement du train jetait dans les wagons.

Elle dit : « Ça sent bien bon par ici. »

Il ne répondit pas, buvant toujours à cette source de chair, et fermant les yeux comme pour mieux goûter.

Mais elle l’écarta doucement :

— « En voilà assez. Je me sens mieux. Ça m’a remis l’âme dans le corps. »

Il s’était relevé, essuyant sa bouche d’un revers de main.

Elle lui dit, en faisant rentrer dans sa robe les deux gourdes vivantes qui gonflaient sa poitrine :

— « Vous m’avez rendu un fameux service. Je vous remercie bien, monsieur. »

Et il répondit d’un ton reconnaissant :

— « C’est moi qui vous remercie, madame, voilà deux jours que je n’avais rien mangé ! »