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la ficelle

— On m’a vu, mé ? Qui ça qui m’a vu ?

M. Malandain, le bourrelier.

Alors le vieux se rappela, comprit et, rougissant de colère :

— Ah ! i m’a vu, çu manant ! I m’a vu ramasser c’te ficelle-là, tenez, m’sieu le maire.

Et, fouillant au fond de sa poche, il en retira le petit bout de corde.

Mais le maire, incrédule, remuait la tête.

— Vous ne me ferez pas accroire, maître Hauchecorne, que M. Malandain, qui est un homme digne de foi, a pris ce fil pour un portefeuille.

Le paysan, furieux, leva la main, cracha de côté pour attester son honneur, répétant :

— C’est pourtant la vérité du bon Dieu, la sainte vérité, m’sieu le maire. Là, sur mon âme et mon salut, je l’répète.

Le maire reprit :

— Après avoir ramassé l’objet, vous avez même encore cherché longtemps dans la boue, si quelque pièce de monnaie ne s’en était pas échappée.

Le bonhomme suffoquait d’indignation et de peur.

— Si on peut dire !… si on peut dire… des menteries comme ça pour dénaturer un honnête homme ! Si on peut dire !.…

Il eut beau protester, on ne le crut pas.

Il fut confronté avec M. Malandain, qui répéta et soutint son affirmation. Ils s’injurièrent