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miss harriet

parce qu’il avait servi en Afrique dans son jeune temps, nourrissait d’autres opinions. Il disait d’un air malin : « Ça est une ancienne qu’a fait son temps. »

Si la pauvre fille avait su ?

La petite bonne Céleste ne la servait pas volontiers, sans que j’eusse pu comprendre pourquoi. Peut-être uniquement parce qu’elle était étrangère, d’une autre race, d’une autre langue, et d’une autre religion. C’était une démoniaque enfin !

Elle passait son temps à errer par la campagne, cherchant et adorant Dieu dans la nature. Je la trouvai, un soir, à genoux dans un buisson. Ayant distingué quelque chose de rouge à travers les feuilles, j’écartai les branches, et miss Harriet se dressa, confuse d’avoir été vue ainsi, fixant sur moi des yeux effarés comme ceux des chats-huants surpris en plein jour.

Parfois, quand je travaillais dans les rochers, je l’apercevais tout à coup sur le bord de la falaise, pareille à un signal de sémaphore. Elle regardait passionnément la vaste mer dorée de lumière et le grand ciel empourpré de feu. Parfois je la distinguais au fond d’un vallon, marchant vite, de son pas élastique d’Anglaise ; et j’allais vers elle, attiré je ne sais par quoi, uniquement pour voir son visage d’illuminée, son visage sec, indicible, content d’une joie intérieure et profonde.