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mon oncle jules

Il tomba sur le banc en bégayant :

— C’est lui, c’est bien lui !

Puis il demanda :

— Qu’allons-nous faire ?…

Elle répondit vivement :

— Il faut éloigner les enfants. Puisque Joseph sait tout, il va aller les chercher. Il faut prendre garde surtout que notre gendre ne se doute de rien.

Mon père paraissait atterré. Il murmura :

— Quelle catastrophe !

Ma mère ajouta, devenue tout à coup furieuse :

— Je me suis toujours doutée que ce voleur ne ferait rien, et qu’il nous retomberait sur le dos ! Comme si on pouvait attendre quelque chose d’un Davranche !…

Et mon père se passa la main sur le front, comme il faisait sous les reproches de sa femme.

Elle ajouta :

— Donne de l’argent à Joseph pour qu’il aille payer ces huîtres, à présent. Il ne manquerait plus que d’être reconnus par ce mendiant. Cela ferait un joli effet sur le navire. Allons-nous-en à l’autre bout, et fais en sorte que cette homme n’approche pas de nous !

Elle se leva, et ils s’éloignèrent après m’avoir remis une pièce de cent sous.

Mes sœurs, surprises, attendaient leur père.