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miss harriet

déroulés et pendaient comme si leur ressort eût été cassé. Elle ne s’en inquiétait guère, autrefois, et s’en venait dîner sans gêne, dépeignée ainsi par sa sœur la brise.

Maintenant elle montait dans sa chambre pour rajuster ce que j’appelais ses verres de lampe ; et quand je lui disais avec une galanterie familière qui la scandalisait toujours : « Vous êtes belle comme un astre aujourd’hui, miss Harriet », un peu de sang lui montait aussitôt aux joues, du sang de jeune fille, du sang de quinze ans.

Puis elle redevint tout à fait sauvage et cessa de venir me voir peindre. Je pensai : « C’est une crise, cela se passera. » Mais cela ne se passait point. Quand je lui parlais, maintenant, elle me répondait, soit avec une indifférence affectée, soit avec une irritation sourde. Et elle avait des brusqueries, des impatiences, des nerfs. Je ne l’apercevais qu’aux repas et nous ne causions plus guère. Je pensai vraiment que je l’avais froissée en quelque chose ; et je lui demandai un soir : « Miss Harriet, pourquoi n’êtes-vous plus avec moi comme autrefois ? Qu’est-ce que j’ai fait pour vous déplaire ? Vous me causez beaucoup de peine ! »

Elle répondit, avec un accent de colère tout à fait drôle : « J’été toujours avec vô le même qu’autrefois. Ce n’été pas vrai, pas vrai », et elle courut s’enfermer dans sa chambre.