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l’héritage

veston de rue, ôta le vieux, et, prenant toutes les pièces enregistrées qui concernaient le service de son collègue, il se rendit au bureau que cet employé occupait tout seul, par faveur spéciale, en raison de son zèle et de l’importance de ses attributions.

Le jeune homme écrivait sur une grande table, au milieu de dossiers ouverts et de papiers épars, numérotés avec de l’encre rouge ou bleue.

Dès qu’il vit entrer le commis d’ordre, il demanda, d’un ton familier où perçait une considération : « Eh bien, mon cher, m’apportez-vous beaucoup d’affaires ? »

— Oui, pas mal. Et puis je voudrais vous parler.

— Asseyez-vous, mon ami, je vous écoute.

Cachelin s’assit, toussota, prit un air troublé, et, d’une voix mal assurée : « Voici ce qui m’amène, monsieur Lesable. Je n’irai pas par quatre chemins. Je serai franc comme un vieux soldat. Je viens vous demander un service.

— Lequel ?

— En deux mots. J’ai besoin d’obtenir mon avancement cette année. Je n’ai personne pour me protéger, moi, et j’ai pensé à vous. »

Lesable rougit un peu, étonné, content, plein d’une orgueilleuse confusion. Il répondit cependant :

« Mais je ne suis rien ici, mon ami. Je suis