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l’héritage
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riche, et aussi toutes les besognes nécessaires vues de trop près dans un ménage pauvre, lui dévernissaient le mariage, fanaient cette fleur de poésie qui séduit, de loin, les fiancés.

Tante Charlotte lui rendait aussi son intérieur désagréable, car elle n’en sortait plus ; elle se mêlait de tout, voulait gouverner tout, faisait des observations sur tout, et comme on avait une peur horrible de la blesser, on supportait tout avec résignation, mais aussi avec une exaspération grandissante et cachée.

Elle allait à travers l’appartement de son pas traînant de vieille ; et sa voix grêle disait sans cesse : « Vous devriez bien faire ceci ; vous devriez bien faire cela. »

Quand les deux époux se trouvaient en tête à tête, Lesable énervé s’écriait : « Ta tante devient intolérable. Moi, je n’en veux plus. Entends-tu ? je n’en veux plus. » Et Cora répondait avec tranquillité : « Que veux-tu que j’y fasse, moi ? »

Alors il s’emportait : « C’est odieux d’avoir une famille pareille ! »

Et elle répliquait, toujours calme : « Oui, la famille est odieuse, mais l’héritage est bon, n’est-ce pas ? Ne fais donc pas l’imbécile. Tu as autant d’intérêt que moi à ménager tante Charlotte. »

Et il se taisait, ne sachant que répondre.

La tante maintenant les harcelait sans cesse avec