Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/121

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persuadé que je la reconnaîtrais aussi. Et je la reconnus, bien que je fusse certain de ne l’avoir jamais rencontrée. C’était elle, elle-même, celle que j’attendais, que je désirais, que j’appelais, dont le visage hantait mes rêves. Elle, celle qu’on cherche toujours, partout, celle qu’on va voir dans la rue tout à l’heure, qu’on va trouver sur la route dans la campagne dès qu’on aperçoit une ombrelle rouge sur les blés, celle qui doit être déjà arrivée dans l’hôtel où j’entre en voyage, dans le wagon où je vais monter, dans le salon dont la porte s’ouvre devant moi.

C’était elle, assurément, indubitablement elle ! Je la reconnus à ses yeux qui me regardaient, à ses cheveux roulés à l’anglaise, à sa bouche surtout, à ce sourire que j’avais deviné depuis longtemps.

Je demandai aussitôt : — Quelle est cette femme ?

La bonne à tête de béguine répondit sèchement : — C’est madame.

Je repris : — C’est votre maîtresse ?