Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rendent mères les femmes. La réserve froide qu’elle avait toujours apportée dans ses relations intimes avec lui, Parent, n’était-elle pas aussi un obstacle à ce qu’elle eût été fécondée par son baiser !

Alors il allait réclamer, prendre avec lui, conserver toujours et soigner l’enfant d’un autre. Il ne pourrait pas le regarder, l’embrasser, l’entendre dire « papa » sans que cette pensée le frappât, le déchirât : « Ce n’est point mon fils. » Il allait se condamner à ce supplice de tous les instants, à cette vie de misérable ! Non, il valait mieux demeurer seul, vivre seul, vieillir seul, et mourir seul.

Et chaque jour, chaque nuit recommençaient ces abominables hésitations et ces souffrances que rien ne pouvait calmer ni terminer. Il redoutait surtout l’obscurité du soir qui vient, la tristesse des crépuscules. C’était alors, sur son cœur, comme une pluie de chagrin, une inondation de désespoir qui tombait avec les ténèbres, le noyait et l’affolait. Il avait peur de ses pensées comme on