Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/204

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Elle était devenue rouge jusqu’aux tempes et elle murmura :

— Oui, je me suis crue mère bien longtemps avant de l’être. Maintenant je ne sais plus… je ne sais plus…

Elle balbutiait, toute confuse.

Une voix disait derrière eux :

— Cette station a le plus grand avenir. J’obtiens déjà des effets surprenants.

C’était le professeur Rémusot s’adressant à sa compagne Louise Oriol. Il était petit, celui-là, avec des cheveux jaunes mal peignés, une redingote mal coupée, l’air malpropre du savant crasseux.

Le professeur Mas-Roussel, qui donnait le bras à Charlotte Oriol, était un beau médecin, sans barbe ni moustaches, souriant, soigné, à peine grisonnant, un peu gras, et dont la douce figure rasée ne semblait ni d’un prêtre ni d’un acteur, comme celle du docteur Latonne.

Le conseil d’administration venait ensuite, conduit par Andermatt, et dominé par les coiffures gigantesques des deux Oriol.

Derrière eux marchait encore une compagnie de hauts chapeaux, le corps médical d’Enval, auquel manquait le docteur Bonnefille, remplacé d’ailleurs par deux nouveaux médecins, le docteur Black, un vieil homme très court, presque un nain, dont l’excessive dévotion avait surpris le pays entier dès le jour de son arrivée, puis un très beau garçon, très coquet, coiffé, lui, d’un petit chapeau, le docteur Mazelli,