Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vie. Ca ne veut pas dire encore que je l’épouserai ; mais j’y songe, je l’étudie, je lui fais un peu la cour pour voir si elle me plaira tout à fait. Enfin je ne te réponds ni oui ni non, mais c’est plus près de oui que de non.

Christiane se tourna vers Paul :

— Qu’est-ce que vous en pensez, monsieur Brétigny ?

Elle l’appelait tantôt monsieur Brétigny, et tantôt Brétigny tout court.

Lui, toujours séduit par les choses où il croyait voir de la grandeur, par des mésalliances qui lui paraissaient généreuses, par tout l’apparat sentimental où se cache le cœur humain, répondit :

— Moi, je trouve qu’il a raison maintenant. Si elle lui plaît, qu’il l’épouse, il ne pourrait trouver mieux…

Mais le marquis et Andermatt rentraient, qui les firent parler d’autre chose ; et les deux jeunes gens allèrent au Casino voir si la salle de jeu n’était pas encore fermée.

A dater de ce jour, Christiane et Paul semblèrent favoriser la cour ouverte que Gontran faisait à Charlotte.

On invitait plus souvent la jeune fille, on la gardait à dîner, on la traitait enfin comme si elle eût fait déjà partie de la famille.

Elle voyait bien tout cela, le comprenait, s’en affolait ! Sa petite tête battait les champs et bâtissait en Espagne de fantastiques palais. Gontran, cepen-