Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/293

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Gontran, les jambes croisées, les bras croisés, renversé sur sa chaise, la nuque appuyée au dossier, les yeux et le cigare au ciel, fumait, plongé dans un bonheur parfait.

Tout à coup, il demanda :

— Veux-tu faire un tour, tout à l’heure, au vallon de Sans-Souci ? Les petites y seront.

Paul hésita, puis, après quelque réflexion :

— Oui, je le veux bien.

Puis il ajouta :

— Ça va, ton affaire ?

— Parbleu ! Oh ! je la tiens : elle n’échappera pas, à présent.

Gontran avait pris maintenant son ami pour confident, et lui contait, jour par jour, ses progrès et ses avantages. Il le faisait même assister, en complice, à ses rendez-vous, car il avait obtenu, d’une façon fort ingénieuse, des rendez-vous de Louise Oriol.

Après la promenade au Puy de la Nugère, Christiane, mettant fin aux excursions, ne sortait plus guère et rendait difficiles les rencontres.

Le frère, troublé d’abord par cette attitude de sa sœur, avait cherché les moyens de se tirer de cet embarras.

Habitué aux mœurs de Paris, où les femmes sont considérées, par les hommes de son espèce, comme un gibier dont la chasse est souvent difficile, il avait usé, jadis, de bien des ruses pour approcher de celles qu’il convoitait. Il avait su, mieux que per-