Page:Maupassant - Pensées libres, paru dans Le Gaulois, 14 décembre 1881.djvu/3

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par cette raison bien simple que les lois ne sont faites que pour contrarier la nature.

La nature, en effet, nous a donné les instincts, qui sont les « lois naturelles ». Les anciens, comprenant la difficulté, avaient fait tout simplement des divinités de ce que nous appelons aujourd’hui des vices.

Mais la réglementation des rapports sociaux a changé, et la morale s’est modifiée en même temps. La morale, en effet, est le corollaire, le complément idéal des lois civiles ; et toutes ensemble constituent uniquement un obstacle aux lois naturelles, qui entraveraient sans cesse les conventions humaines…

Or le mariage est justement la loi la plus indispensable de la société telle qu’elle est constituée ; c’est, en même temps, celle que nos impulsions instinctives nous poussent le plus souvent à violer ; et bien des législateurs éprouveraient un immense soulagement d’esprit si Mlle Hubertine Auclert, ou quelque autre, nous révélait un moyen de tout concilier. D’où je conclus, jusqu’à nouvel éclaircissement :


Fermons les yeux (bis)
Ne gênons pas les amoureux.


Puisque j’ai écrit ce mot « morale », parlons de cette expulsée. On raconte