Page:Maupassant - Politiciennes, paru dans Gil Blas, 10 novembre 1881.djvu/7

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de loin par la seule puissance de son talent.

Il voulut la voir ; elle refusa. Cette résistance exaspéra son désir. Elle lui confessa qu’elle n’était pas jolie, et plus jeune déjà. Il fut ennuyé de cet aveu ; il insista cependant, et chaque semaine il recevait une longue lettre semblable à un rapport d’ambassadeur, avec des réflexions sages et des aperçus très subtils sur la situation de l’Europe.

Parfois, dans ses discours à la Chambre, dans ses allocutions en province, dans ses toasts aux banquets publics, il répétait textuellement des pages entières de sa correspondante anonyme ; et il s’étonnait souvent lui-même du succès qu’obtenait cette prose élégante et claire.

Ces jours-là les journaux proclamaient qu’il s’était surpassé.

Le cœur pris, l’esprit enveloppé, l’intelligence séduite, il déclara enfin à son inconnue qu’il romprait toutes relations