Page:Maupassant - Question littéraire, paru dans Le Gaulois, 18 mars 1882.djvu/4

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soin de me mettre à l’abri derrière cette phrase de Balzac : « On est vraiment fâché d’avoir lu cela. Rien n’en reste que le dégoût pour soi-même d’avoir ainsi gaspillé son temps. »

Et, là-dessus, mon confrère s’écrie que je montre un dédain transcendant pour les romans qui amusent ; et que les récits merveilleux qui ont diverti déjà trois générations ne sont, à mes yeux, que des sottises.

J’admire infiniment l’imagination, et je place ce don au même rang que celui de l’observation ; mais je crois que, pour mettre en œuvre l’un ou l’autre, de façon à faire dire aux vrais artistes : « Voici un livre », il faut un troisième don, supérieur aux deux autres et qui faisait défaut à Dumas, malgré sa prodigieuse astuce de conteur. Ce don, c’est