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le mètre pour les revendre à vingt francs. On trace les boulevards, on amène l’eau, on prépare l’usine à gaz et on attend l’amateur. L’amateur ne vient pas, mais la débâcle arrive.

J’aperçois, loin devant moi, des tours et des bouées qui indiquent les brisants des deux rivages à la bouche du golfe de Saint-Tropez.

La première tour se nomme tour des Sardinaux et signale un vrai banc de roches à fleur d’eau, dont quelques-unes montrent leurs têtes brunes, et la seconde a été baptisée Balise de la Sèche à l’huile.

Nous arrivons maintenant à l’entrée du golfe, qui s’enfonce au loin entre deux berges de montagnes et de forêts jusqu’au village de Grimaud, bâti sur une cime, tout au bout. L’antique château des Grimaldi, haute ruine qui domine le village, apparaît là-bas dans la brume comme une évocation de conte de fées.

Plus de vent. Le golfe a l’air d’un lac immense et calme où nous pénétrons doucement en profitant des derniers souffles de cette bourrasque