Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/174

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mangent l’avoine au fond d’un sac de toile.

Ô liberté ! liberté ! seul bonheur, seul espoir et seul rêve ! De tous les misérables, de toutes les classes d’individus, de tous les ordres de travailleurs, de tous les hommes qui livrent quotidiennement le dur combat pour vivre, ceux-là sont le plus à plaindre, sont les plus déshérités de faveurs.

On ne le croit pas. On ne le sait point. Ils sont impuissants à se plaindre ; ils ne peuvent pas se révolter ; ils restent liés, bâillonnés dans leur misère, leur misère honteuse de plumitifs !

Ils ont fait des études, ils savent le droit ; ils sont peut-être bacheliers.

Comme je l’aime, cette dédicace de Jules Vallès :

« À tous ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim. »

Sait-on ce qu’ils gagnent, ces crève-misère ? De huit cents à quinze cents francs par an !

Employés des noires études, employés des grands ministères, vous devez lire chaque matin