Page:Maupassant - Va t’asseoir !, paru dans Le Gaulois, 8 septembre 1881.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Vallès est assurément resté fidèle à son amour pour la justice théorique, pour la révolution intègre et vengeresse ; mais comme il la rêve autre qu’elle ne peut être, et comme on le sent, lui, à jamais déçu dans sa foi, à jamais dégoûté de la sottise de ses compagnons de lutte, écœuré des phrases ronflantes, des rengaines et des traditions révolutionnaires !

Aujourd’hui il en est arrivé à n’avoir plus confiance que dans la couche des fusillés ; et ceux-là aussi étaient sans doute des utopistes, des croyants sincères, puisqu’ils sont morts pour leur cause.

C’est que M. Vallès est un maître écrivain et, chez lui, l’homme politique découragé se confesse au romancier qui, à son tour, malgré tout, parle, avoue les misères profondes de sa foi, parce que la passion de l’art est devenue plus puissante que la passion politique, parce que M. Vallès est avant tout un artiste.