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YVETTE.

— Eteignez donc vot’bougie, mam’zelle Yvette.

Et tous reprirent en chœur :

— Mam’zelle Yvette, éteignez donc votre bougie.

Elle versa de nouveau du chloroforme dans le coton, mais, comme elle ne voulait pas mourir, elle le tint assez loin de son visage pour respirer de l’air frais, tout en répandant en sa chambre l’odeur asphyxiante du narcotique, car elle comprit qu’on allait monter ; et, prenant une posture bien abandonnée, une posture de morte, elle attendit.

La marquise disait :

— Je suis un peu inquiète ! Cette petite folle s’est endormie en laissant sa lumière sur sa table. Je vais envoyer Clémence pour l’éteindre et pour fermer la fenêtre de son balcon qui est restée grande ouverte.

Et bientôt la femme de chambre heurta la porte en appelant :

— Mademoiselle, mademoiselle ! Après un silence elle reprit :

— Mademoiselle, Madame la marquise vous prie d’éteindre votre bougie et de fermer votre fenêtre.