Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE RETOUR. 163

— Que que j'allons fë? Lévesque eut une idée :

— Faut aller chez l'curé, {'décidera. Martin se leva, et comme il s'avançait vers

sa femme, elle se jeta sur sa poitrine en san- glotant :

— Mon homme! te v'Ià! Martin, mon pauvre Martin, te v'Ià!

Et elle le tenait à pleins bras, traversée brusquement par un soufïïe d'autrefois, par une grande secousse de souvenirs qui lui rap- pelaient ses vingt ans et ses premières étreintes.

Martin, ému lui-même, l'embrassait sur son bonnet. Les deux enfants, dans la che- minée, se mirent à hurler ensemble en enten- dant pleurer leur mère, et le dernier né, dans les bras de la seconde des Martin, clama d'une voix aio;uë comme un fifre faux.

Lévesque, debout, attendait :

— Allons, dit-il, faut se mettre en rèo-Ie.

o

Martin hlcha sa femme, et, comme il re- gardait ses deux filles, la mère leur dit :

— Baisez vot' pé, au moins.

Elles s'approchèrent en même temps, l'œil sec, étonnées, un peu craintives. Et il les em- brassa l'une après l'autre, sur les deux joues, d'un gros bécot paysan. En voyant approcher