Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2. 1 6 MOHAMMED-FRIPOUILLE.

Le moricaud qui servait ouvrit la porte et je montai l'escalier aux murs d'azur qui rece- vait d'en haut la lumière douce du jour mou- rant.

Et bientôt je poussai un profond soupir de bonheur en arrivant sur la terrasse. Elle domi- nait Alger, le port, la rade et les côtes loin- taines.

La maison achetée par le capitaine était une ancienne demeure arabe, située au centre de la vieille ville, au milieu de ces ruelles en labyrinthe où grouille l'étrange population des côtes d'Afrique.

Au-dessous de nous, les toits plats et carrés descendaient comme des marches de o-éants jusqu'aux toits obliques de la ville européenne. Derrière ceux-ci, on apercevait les mâts des navires à l'ancre, puis la mer, la pleine mer, bleue et calme sous le ciel calme et bleu.

Nous nous étendîmes sur des nattes, la tête soutenue par des coussins, et, tout en buvant lentement le café savoureux de là-bas, je re- gardais paraître les premières étoiles dans l'azur assombri. On les apercevait un peu, si loin, si pales, à peine allumées encore.

Une chaleur légère, une chaleur ailée, nous caressait la peau. Et parfois des souffles plus