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224 MOHAMMED-FRIPOUILLE.

Nous allions droit sur la tente la plus haute, celle de l'ao^ha.

Nous orardions le sabre au fourreau, à l'exemple de Mohammed, qui galopait d'une façon singulière. Il demeurait absolument im- mobile, assis tout droit sur son petit cheval qui se démenait sous lui comme un furieux pour porter cette masse. Et la tranquillité du cavalier aux longues moustaches contrastait étrancrement avec la vivacité de l'animal.

Le chef indigène sortit de sa tente comme nous arrivions devant. C'était un grand homme maigre, noir, avec un œil luisant, le front en saillie, le sourcil en arc de cercle. Il cria, en arabe :

— Que voulez-vous?

Mohammed, arrêtant net son cheval, lui répondit dans sa langue :

— - C'est toi qui as tué le voyageur anglais? L'agha prononça, d'une voix forte :

— Je n'ai pas d'interrogatoire à subir de toi.

C'était autour de nous comme une tempête grondante. Les Arabes accouraient de tous les côtés, nous pressaient, nous enfermaient, vociféraient.

Ils avaient l'air d'oiseaux de proie féroces