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252 BERTHE.

avait l'air d'un vieux jeune homme, avec son corps fluet sous son veston clair et sa grosse tête à cheveux blancs.

II m'embrassa avec cette joie visible qu'ont les gens de province en voyant arriver des amis longtemps désirés, et, étendant la main autour de lui, il s'écria, plein de fierté :

— Voici l'Auvergne !

Je ne voyais qu'une ligne de montagnes devant moi, dont les sommets, pareils à des cônes tronqués, devaient être d'anciens vol- cans.

Puis, levant le doigt vers le nom de la sta- tion écrit au front de la gare, il prononça :

— Riom, patrie des magistrats, orgueil de la magistrature, qui devrait être bien plu- tôt la patrie des médecins.

Je demandai :

— Pourquoi?

Il répondit, en riant :

— Pourquoi? Retournez ce nom et vous avez mori, mourir... Voilà, jeune homme, pourquoi je me suis installé dans ce pays.

Et, ravi de sa plaisanterie, il m'entraîna en se frottant les mains.

Dès que j'eus avalé une tasse de café au lait, il fallut visiter la vieille cité. J'admirai la