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2)8 BERTHE.

cloche, et tout le monde se levait pour aller à table quand le petit marteau de cuivre annonçait midi.

Je m'efforçai en vain, par exemple, de lui apprendre à compter les coups. Elle se pré- cipitait vers la porte chaque fois qu'elle en- tendait le timbre; mais alors, peu à peu, elle dut se rendre compte que toutes les sonne- ries n'avaient pas la même valeur au point de vue des repas; et son œil, guidé par son oreille, se fixa souvent sur le cadran.

L'ayant remarqué, j'eus soin chaque jour, à midi et à six heures, d'aller poser mon doigt sur le chiffre douze, et sur le chiffre six, aussitôt qu'arrivait le moment attendu par elle; et je m'aperçus bientôt qu'elle suivait attentivement la marche des petites branches de cuivre que j'avais fait souvent tourner en sa présence.

Elle avait compris ! je devrais plutôt dire : elle avait saisi. J'étais parvenu à faire entrer J

en elle la connaissance, ou mieux la sensation J

de l'heure, ainsi qu'on y arrive pour des 1

carpes, qui n'ont cependant pas la ressource des pendules, en leur donnant à manger, chaque jour, juste au même moment.

Une fois ce résultat acquis, tous les instru-