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YVETTE.

— Tu t’es trompée, ce n’est pas possible. Tu as mal entendu ou mal compris. M. de Servigny est trop riche pour toi… et trop… trop… parisien pour se marier.

Yvette s’était levée lentement. Elle ajouta :

— Mais s’il m’aime comme il le dit, maman ?

Sa mère reprit avec un peu d’impatience :

— Je te croyais assez grande et assez instruite de la vie pour ne pas te faire de ces idées-là. Servigny est un viveur et un égoïste. Il n’épousera qu’une femme de son monde et de sa fortune. S’il t’a demandée en mariage… c’est qu’il veut… c’est qu’il veut…

La marquise, incapable de dire ses soupçons, se tut une seconde, puis reprit :

— Tiens, laisse-moi tranquille, et va te coucher.

Et la jeune fille, comme si elle savait maintenant ce qu’elle désirait, répondit d’une voix docile :

— Oui, maman.

Elle baisa sa mère au front et s’éloigna d’un pas très calme.

Comme elle allait franchir la porte, la marquise la rappela :

— Et ton coup de soleil ? dit-elle.