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Page:Maupassant - Yvette.djvu/125

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Son appel désespéré se perdit dans le clapotement de l’eau, mais le couple enlacé se sépara, inquiet. Et une des ombres disparut, tandis que l’autre cherchait à distinguer quelque chose à travers les ténèbres du jardin.

Alors, craignant d’être surprise, de rencontrer sa mère en cet instant, Yvette s’élança vers la maison, remonta précipitamment l’escalier en laissant derrière elle une traînée d’eau qui coulait de marche en marche, et elle s’enferma dans sa chambre, résolue à n’ouvrir sa porte à personne.

Et sans ôter sa robe ruisselante et collée à sa chair, elle tomba sur les genoux en joignant les mains, implorant dans sa détresse quelque protection surhumaine, le secours mystérieux du ciel, l’aide inconnue qu’on réclame aux heures de larmes et de désespoir.

Les grands éclairs jetaient d’instant en instant leurs reflets livides dans sa chambre, et elle se voyait brusquement dans la glace de son armoire, avec ses cheveux déroulés et trempés, tellement étrange qu’elle ne se reconnaissait pas.

Elle demeura là longtemps, si longtemps que l’orage s’éloigna sans qu’elle s’en aperçût. La pluie cessa de tomber, une lueur envahit le ciel