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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/101

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des abénakis

puisés dans les calomnies des prétendus réformés. C’est pour cette raison qu’il préféra emmener à Port-Royal un prêtre séculier, M. Jessé Fléché, du Diocèse de Langres [1].

Dès son arrivée à Port-Royal, M. Fléché commença à exercer ses fonctions de missionnaire parmi les sauvages. Dans les années précédentes, un grand Chef, du nom de Membertou, ses enfants et ses proches parents avaient été instruits des vérités chrétiennes par les Français. Quelques mois après son arrivée en Acadie, M. Fléché baptisa ce Chef avec vingt autres sauvages. Cette cérémonie eut lieu le 24 Juin 1610[2]. Plusieurs autres sauvages furent baptisés la même année. Alors, Poutrincourt envoya au roi une liste de vingt-cinq sauvages, qu’on avait ainsi baptisés à la hâte[3].

Il est reconnu que le missionnaire alla trop vite, et qu’il n’éprouva pas assez ces sauvages avant de leur conférer le baptême ; car ils continuèrent ensuite à vivre dans la polygamie, comme auparavant, malgré les défenses qu’on leur fit à ce sujet.

Cette trop grande précipitation fut aussi, plus tard, une cause de difficultés entre Poutrincourt et les P. P. Jésuites, qui agirent bien différemment.

Le Chef Membertou jouissait d’une haute réputation et d’une grande influence parmi les sauvages. Il était très-avancé en âge, mais il avait tellement conservé ses forces qu’on ne lui aurait pas donné plus de

  1. L’abbé J. A. Ferland, Hist. du Canada. 1ère partie. 79.
  2. Idem, 80.
  3. Le P. de Charlevoix, Hist. Gén. de la N. France, Vol. 1, 190.