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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/130

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histoire

très sauvages, qui étaient mieux disposés que lui, qu’il était un étranger, qu’on ne se fiait pas à sa parole et qu’on avait des raisons de penser qu’il voulait tromper les Pères. » À quoi l’Abénakis répondait, avec la plus grande humilité : « Qu’il s’agissait du salut de son âme, qu’il était plus pressé et plus en danger que les autres sauvages, qu’il savait déjà les prières et le catéchisme, que Meïachka8at lui avait enseigné tout cela pendant l’hiver qu’il avait passé avec lui, qu’à la vérité il était étranger, mais que le Ciel était fait pour ceux de sa nation comme pour les autres, qu’il avait laissé son pays et renoncé à sa charge de Chef pour venir se faire instruire des vérités chrétiennes, qu’il voulait toujours demeurer avec les chrétiens de Sillery, afin de conserver sa foi et continuer son instruction, qu’il ferait un voyage en son pays pour y régler ses affaires et qu’il reviendrait à Québec »[1].

Enfin, après une longue épreuve, le P. de Quen, voyant son courage et sa persévérance, lui conféra le baptême. M. de Montmagny fut son parrain, et lui donna le nom de « Jean Baptiste »[2].

Après son baptême, ce bon sauvage alla remercier le P. de Quen de toutes ses bontés à son égard, et lui assura, en même temps, qu’il n’avait jamais ressenti une joie pareille à celle de ce jour. « Non », dit-il, « je ne serais pas si joyeux quand même on m’aurait retiré des mains des Iroquois » [3].

  1. Relations des Jésuites. 1644. 4, 5.
  2. Idem. 1644. 5.
  3. Idem. 1644. 5.