L’introduction du mot « Boston » dans la langue de nos Abénakis est encore une preuve que ces sauvages viennent du Maine. La province de Sagadahock ayant été réunie au Massachusetts, toutes les affaires de quelqu’importance, concernant cette province, se règlaient à Boston. Les Abénakis s’y rendaient souvent pour traiter d’affaires avec le gouverneur. Et comme cette ville était le chef-lieu de la Nouvelle-Angleterre, les sauvages désignèrent ce pays par le mot « Baston » [1]. Ainsi chez eux le mot « Bastonkik » signifiait « à la terre de la Nouvelle-Angleterre. » Nos Abénakis ont conservé ce mot, mais il lui donnent une signification plus étendue : il signifie aujourd’hui « les États-Unis. » Voici quelques exemples de l’emploi de ce mot.
Traduction littérale. | Signification actuelle. | |
Bastonki |
La terre de Boston |
États-Unis. |
Bastoniak |
Ceux de Boston |
Américains. |
Bastonuji |
Chose qui vient de Boston |
Chose qui vient des E.-U. |
Bastonkik |
À la terre de Boston |
Aux E.-U. |
Bastonia |
Chose qui est de Boston |
Chose qui est des E.-U. |
Bastonimôni |
Argent de Boston |
Argent Américain. |
De plus, ces sauvages ont conservé quelques usages des Anglais de la Nouvelle-Angleterre. Ainsi, ils comptent l’argent par piastres et demi-piastres ; leur « silôn », chelin, est le « York Shelling ».
Nous conclurons donc :
1o. Que les Abénakis ne sont pas des aborigènes du Canada.
- ↑ Au lieu de Boston l’on disait autrefois : « Baston. » Les Abénakis ont conservé cette ancienne expression.