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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/164

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histoire

de longs rapides qu’un sauvage etchemin, qui conduisait le canot où étaient le Père et Jean Guérin, en fut tellement découragé qu’il menaça de tourner le dos au pays des Abénakis de Kénébec pour se rendre à Pentagoët ; mais le catéchumène, qui avait été l’heureux-chasseur, lui ayant fait quelques représentations, il reprit courage et continua la route.

Le troisième jour de cette pénible marche, le pauvre Etchemin tomba encore dans le découragement, et devint bientôt d’une humeur fort acariâtre. Il s’imagina que le Père était la cause des fatigues et des souffrances du voyage, et à tout instant il déchargeait sur lui le poids de sa colère, qui augmentait à mesure que les difficultés et les souffrances croissaient[1]. Pour appaiser cet importun, le Père fut obligé de se séparer de son compagnon, qui embarqua sur un autre canot.

Enfin, après un pénible voyage de vingt-trois ou vingt-quatre jours, les voyageurs arrivèrent au haut de la rivière Kénébec, chez les Nurhântsuaks. Le Chef de ces sauvages, Umamânradok, au comble de la joie, embrassa le missionnaire, en disant : « Je vois bien maintenant que le Grand-Esprit, qui commande dans les cieux, nous regarde de bon œil, puisqu’il nous renvoie notre Père »[2]. Il s’informa ensuite si le missionnaire s’était bien porté dans le voyage et si on l’avait bien traité. Apprenant la conduite du sauvage etchemin, il le réprimanda en ces termes :

  1. Relations des Jésuites. 1652. 23.
  2. Relation des Jésuites 1652. 24.