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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/168

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histoire

« Je viens de bien loin », lui dit-il : « je n’ai pas coutume de paraître en ces quartiers. Il y a fort longtemps que quelqu’un, que je ne connais pas, me presse et me sollicite au fond du cœur de venir te trouver, et de faire ce que tu m’ordonneras. Me voici donc entre tes mains. Instruis-moi, et si je ne pratique pas ce que tu me diras, châtie-moi. Je te dirai tout ; mon cœur te sera ouvert, et tu y écriras ce qui est dans le livre de Jésus »[1].

Aussitôt que la nouvelle de l’arrivée du missionnaire fut portée dans les autres bourgades abénakises, on vint à lui de tous côtés pour le prier d’aller instruire les sauvages dans tout le pays. Il se rendit à ces invitations ; aussi, cette mission ne fut qu’une suite de voyages parmi les sauvages. Il visita douze à treize bourgades d’Abénakis, sur les rivières Kénébec et Pentagoët, et sur les côtes de l’Acadie. Il fut reçu partout comme un messager du ciel, et son cœur fut rempli de consolations.

Voici comment il exprime lui-même les joies et les consolations qu’il éprouva dans cette mission. « J’en ay ressenty de si grandes, qu’on ne les peut exprimer, voyant que la semence évangélique que j’avais jettée il y avait quatre ans, dedans des terres qui ne produisaient depuis tant de siècles que des ronces et des épines, portait des fruits dignes de la table de Dieu. Pourrait-on bien, sans ressentir un plaisir plus grand que celui des sens, voir des vieillards et des malades languissans mourir quasi de joye,

  1. Relations des Jésuites. 1652. 25.