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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/183

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des abénakis

verneur s’aperçut, par un recensement qu’il fit faire, que sa colonie avait déjà progressé[1].

Les colons, n’étant plus exposés à se voir ruiner par les guerres de leurs seigneurs, purent se livrer sérieusement à l’agriculture. Appuyés sur le secours des Abénakis, leurs alliés inséparables et leurs parents par les femmes, et instruits par leur longue expérience du pays, ils purent enfin surmonter les obstacles qui retardaient leur établissement depuis plus de cinquante ans.

Mais cette petite colonie, ne comptant alors que quatre cents habitants français, abandonnée à ses seules ressources, et sans cesse en guerre contre les puissantes colonies de la Nouvelle-Angleterre, ne pouvait pas aller bien loin en fait de progrès. Cependant, elle fit plus qu’on ne pouvait espérer. Les colons, par leur isolement presque complet et par la nécessité où ils se trouvaient de se défendre, avaient contracté une humeur guerrière, qui les rendait fort redoutables aux Anglais. Aidés des Abénakis, ils attaquaient leurs ennemis sur mer comme sur terre, et rapportaient souvent un riche butin[2].

Jusqu’à cette époque, ces colons n’étaient guère qu’un composé de pêcheurs, de soldats et d’aventuriers de toutes sortes. Comme il n’y avait que peu de femmes européennes parmi eux, la plupart se mariaient à des sauvagesses. On vit des unions d’Acadiens avec des Abénakises même après l’année 1700. Ces colons allaient s’établir au milieu des sauvages,

  1. E. Rameau. Acadiens et Canadiens, 1re. partie. 22. 23.
  2. E. Rameau, Acadiens et Canadiens, 1re. partie, 25.