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kis du Canada, mais ils s’entendent fort bien avec eux, à peu près comme les Têtes-de-Boules de la rivière Saint-Maurice s’entendent avec les Algonquins.

Quant aux Etchemins, il est certain aussi qu’ils parlaient la langue des Canibas.

Le P. Druillettes, dans un voyage qu’il fit chez les Abénakis, en 1651, était accompagné d’un Etchemin, avec, lequel il s’entendait par le moyen de la langue abénakise[1]. Chez les Abénakis, ce sauvage fut fort réprimandé par un Chef, parce qu’il avait maltraité le Père pendant le voyage ; alors il fit une longue harangue en abénakis, pour manifester publiquement son repentir et demander pardon de sa faute au missionnaire[2].

On dira peut-être que cet Etchemin avait pu être adopté par les Abénakis et apprendre leur langue. Nous ne pensons pas qu’il en fut ainsi, car le Chef lui dit en cette occasion « qu’il ne pouvait le châtier pour cette faute, parcequ’il n’avait pas d’autorité sur lui, n’étant pas de sa nation »[3]. Cet Etchemin était donc considéré comme étranger chez ces Abénakis.

Lorsque le P. Biard alla à la rivière Kénébec, en 1611, il était accompagné de deux Etchemins, qui lui servirent d’interprètes auprès des sauvages de cette

  1. Relations des Jésuites. 1652. 23. 24.
  2. Relations des Jésuites. 1652. 24.
  3. Idem. 1652. 24. L’orateur employa ici le mot « nation » pour celui de « tribu ». C’était souvent la coutume chez les Abénakis. Ainsi dans une autre circonstance quelques Abénakis dirent au P. Druillettes, en parlant d’une petite bourgade de Canibas, située à l’embouchure de la rivière Kénébec, « qu’ils avaient été sur le point de déclarer la guerre à cette nation ». (Relations des Jésuites 1652. 30.) Cette coutume existe encore aujourd’hui chez les sauvages. Ils donnent quelquefois le nom de « nation » à une petite bourgade composée de quelques familles seulement.