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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/246

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histoire

Acadie avec le seul secours des Abénakis. » On savait en Europe que le secours de ces sauvages était nécessaire à la Nouvelle-France. Aussi, en 1696 Louis XIV recommanda au Comte de Frontenac de s’emparer à tout prix du fort de Pemaquid et d’en chasser les Anglais, qui incommodaient ces sauvages, afin de conserver leur alliance, absolument nécessaire à la colonie. Le P. de Charlevoix dit plusieurs fois, dans l’histoire de la N. France, « que les Français n’auraient pu se maintenir en Canada sans le secours des Abénakis, qu’en Acadie ces sauvages furent leur principal boulevard et formèrent une digue infranchissable entre la Nouvelle-Angleterre et la colonie française, qu’ils furent enfin placés en Canada, sur les rivières Saint-François et Bécancourt, pour former une barrière aux Iroquois et arrêter leurs irruptions. »

Tout cela nous démontre, de la manière la plus évidente, que la petite nation abénakise a joué dans la Nouvelle-France un rôle si important et tellement au-dessus de ses forces, qu’il serait inexplicable si on n’y reconnaissait pas une intervention de la puissance de Dieu.

On conçoit facilement que les ennemis des Français avaient le cœur rempli de haine contre ces sauvages. Nous rapporterons ici un fait bien propre à le prouver, et qui ne manque pas d’intérêt.

Dans le cours de l’été, 1695, un parti d’Iroquois se réfugia un jour sur une petite île du lac Champlain, pour y passer la nuit. Cinq ou six Abénakis, occupés