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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/26

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histoire

cette question. Il était très-versé dans cette langue, et, pendant son long séjour dans la Nouvelle-Angleterre, il eut certainement l’occasion de rencontrer des sauvages de l’Acadie et de constater lui-même ce fait.

Le P. Druillettes dans ses deux voyages à la Nouvelle-Angleterre, en 1650 et 1651, s’entretenait avec les sauvages de ce pays par le moyen de la langue abénakise.

Le P. Aubéry, dans son vocabulaire abénakis, au mot « Mahigan », loup, ajoute : « Mahiganiak, les loups, nation sauvage, qui réside dans la Nouvelle-Angleterre et qui parle la même langue que les Abénakis. »

Nous lisons dans les relations des Jésuites que « ces grandes nations de la Nouvelle-Angleterre parlaient abénaquiois »[1].

Nous voyons dans l’histoire des États-Unis que chaque fois que les Anglais allaient attaquer une tribu sauvage, au moment d’arriver sur l’ennemi, ils entendaient invariablement ce cri : « A8anuts »[2], voici l’Anglais[3]. C’était le cri d’alarme de la sentinelle sauvage placée, tantôt sur le haut d’un grand arbre, tantôt sur une éminence, et chargée d’avertir la tribu de l’approche de l’ennemi. Toutes les tribus avaient le même cri d’alarme.

  1. Relations des Jésuites. 1660.27.
  2. L’expression abénakise « A8anuts » est formée de deux mots : « A8ani, » qui, et « uji, » d’où. Lorsque les sauvages virent un vaisseau anglais pour la première fois et qu’ils en virent débarquer un Européen, ils s’écrièrent : « A8aniuji, » d’où vient celui-ci ? De là, le mot « A8anuts, » dont ils se servaient ensuite pour désigner un Anglais. Les Abénakis se servent du même mot en Canada pour désigner un Canadien.
  3. H. Thrumbull. Hist. of the Indian Wars, 55.