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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/313

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des abénakis.

de cette mission, à l’exception de quatre ou cinq seulement, sont des descendants des Gill, tandis que tous ceux de Bécancourt sont de pur sang abénakis.

Les persécutions qu’on a fait souffrir aux Abénakis de Bécancourt sont sans doute fort regrettables ; cependant elles eurent un bon résultat. Nous pensons que Dieu permit cela pour punir ces sauvages de leurs anciens désordres, et pour sauver leurs âmes. Lorsqu’ils s’établirent en cet endroit, ils étaient presque tous chrétiens, et ceux qui ne l’étaient pas encore furent bientôt baptisés. À cette époque, ils étaient admirables par leur foi et leur ferveur. On vit s’opérer parmi eux les merveilles qu’on avait vues à la mission de Saint-François de Sales de la rivière Chaudière. Pendant plusieurs années, ils donnèrent beaucoup de consolation à leurs missionnaires et furent un sujet d’édification pour les Français. Mais peu-à-peu ils prirent goût à l’eau-de-vie, et devinrent bientôt fort adonnés à l’ivrognerie. Ils causèrent alors beaucoup de trouble à leur missionnaire, le P. E. Lesueur, qui demeura près de trente-sept ans au milieu d’eux. Ce bon et zèlé missionnaire en fut réduit à gémir souvent devant Dieu sur leurs désordres. Dès 1721, ils étaient déjà fort vicieux, Voici ce qu’en dit le P. de Charlevoix. « Il faut pourtant avouer que leur ferveur n’est plus au point où on l’a vue les premières années de leur établissement parmi nous. On leur a porté de l’eau-de-vie, et ils y ont pris goût, et les sauvages ne boivent jamais que pour s’enivrer. Cependant une funeste expérience nous a appris qu’à mesure que ces peuples s’éloignent