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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/326

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histoire

courageux guerriers lorsqu’ils marchaient au combat. Dans ces longs et pénibles voyages, où ils étaient ordinairement accompagnés d’un missionnaire, ils ne manquaient jamais à leurs exercices de piété. Avant d’en venir aux mains avec l’ennemi, ils se mettaient à genoux, adressaient une prière fervente à Celui qui a tout fait ; puis, ils se livraient au combat avec une ardeur et une intrépidité qui étonnaient toujours leurs commandants.

Les missionnaires considéraient aussi ces guerres, soit contre les Anglais, soit contre les Iroquois, comme des croisades. Avant les combats, ils rappelaient à la mémoire des sauvages l’exemple de Saint-Louis, marchant contre les infidèles de la Palestine, et les exhortaient à combattre courageusement, comme ce saint roi, pour la défense de leur foi. Nous lisons dans la relation de 1685 du P. Jacques Bigot qu’un grand nombre d’Abénakis, malades des fièvres, à la suite de l’expédition de 1684 contre les Iroquois acceptaient cette terrible maladie avec la plus admirable résignation, disant « qu’ils n’étaient pas plus maltraités que Saint-Louis, mort de la peste à la suite de ses croisades contre les infidèles ».

Nous devons toutefois avouer que les cruautés que les sauvages exerçaient alors contre leurs ennemis, nous paraissent aujourd’hui un peu révoltantes. Mais remarquons que ce n’est pas avec les mœurs et les usages d’aujourd’hui que nous devons les juger. Les progrès de la civilisation nous font actuellement envisager ces choses bien différemment qu’on ne le faisait autrefois.