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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/525

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des abénakis.

supporter toutes les horreurs d’une guerre cruelle et presque continuelle avec ces sauvages. Ils ne tournaient leurs regards vers le Canada qu’avec frayeur, croyant toujours voir des sauvages et des Canadiens sortir de la forêt pour venir fondre sur eux, leur enlever des prisonniers, lever la chevelure de leurs femmes et de leurs enfants, ravager, piller leurs propriétés et détruire leurs bestiaux.

En 1746, la haine des Abénakis contre les habitants de Charlestown parut s’augmenter. Ils attaquèrent ce fort avec fureur, et furent sur le point de s’en emparer. Plusieurs édifices furent brûlés, et quelques colons furent faits prisonniers. Charlestown ne dut sa conservation, en cette occasion, qu’à la valeur du capitaine Stevens, qui, plusieurs années auparavant, avait été emmené captif à Saint-François, où il fut détenu quelques années. Il n’y avait qu’une cinquantaine d’Abénakis à cette attaque. Il est fort étonnant qu’un si petit nombre de guerriers aient osé attaquer un fort, bien palissadé et défendu par une forte garnison[1].

  1. Ce fait et un grand nombre d’autres nous prouvent que les Abénakis étaient dans les combats d’une valeur et d’une intrépidité à toute épreuve. Quand ils étaient décidés à se battre, ils le faisaient en lions, et la vue de leur sang ne faisait qu’augmenter leur force et leur courage. Le P. de Charlevoix dit « que des officiers français leur ont vu faire, dans les combats, des choses presqu’incroyables ». Il rapporte aussi « qu’un missionnaire (le P. Vincent Bigot) ayant accompagné des Abénakis dans une expédition contre la Nouvelle-Angleterre, et sachant qu’un grand parti d’Anglais les poursuivait dans leur retraite, fit tout ce qu’il put pour les engager à faire diligence. Il n’y gagna rien. Toute la réponse qu’il en reçut fut qu’ils ne craignaient pas ces gens là. Les Anglais parurent enfin, et ils étaient pour le moins vingt contre un. Les sauvages, sans s’étonner, mirent d’abord leur Père en sûreté puis allèrent attendre de pied ferme l’ennemi dans une campagne, où il n’y avait que des souches d’arbres. Le combat dura pres-