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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/561

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des abénakis.

ques amusements. Elle allait quelquefois à la pêche avec ses frères et sœurs, parfois elle faisait des promenades dans la campagne jusqu’à une assez grande distance du village, et visitait des familles canadiennes. Par ce moyen, elle fit la connaissance d’une famille d’Estimauville[1], amie de son maître. Elle reçut dans cette famille tant de bons soins, et y observa tant de marques de bonté et d’affection à son égard qu’un instant elle se crut au milieu de ses parents. Elle y demeura une semaine. La généreuse et bienveillante hospitalité qu’elle reçut dans cette respectable famille l’engagea à y retourner plusieurs fois, son maître ne mettant aucun obstacle à ces visites.

Un autre fois, elle fut conduite chez un marchand, du nom de Joseph Gamelin[2]. La famille Gamelin la reçut avec la plus grande politesse, et l’invita à revenir la visiter. La captive y retourna plusieurs fois ; elle y séjournait, chaque fois, un jour ou deux.

Cependant, Johnson travaillait à Montréal pour y

  1. Charles d’Estimauville, ancien officier français, résidait à environ trois milles du village abénakis, sur l’une des branches de la rivière Saint-François, le chenal tardif. La propriété qu’il occupait appartient aujourd’hui au Docteur Joseph Lemaître. Il rendit de grands services aux sauvages ; il était alors leur interprète français. Son fils, Jean-Baptiste, était plus versé que lui dans la langue abénakise ; il fut aussi l’interprète français des sauvages pendant un grand nombre d’années.
  2. Joseph Gamelin était allié aux Abénakis par sa femme, Catherine Annance. Il parlait l’abénakis aussi bien que le français. Il était le frère de Suzanne Gamelin, que Joseph-Louis Gill épousa, en secondes noces. Il devint riche, ce qui contribua beaucoup à lui acquérir une grande influence parmi les sauvages. Il fut leur agent pendant un grand nombre d’années. Vers la fin de ses jours, sa renommée d’homme riche lui fut funeste. Des voleurs s’introduisirent chez lui pendant la nuit, et enlevèrent une forte somme d’argent.