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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/567

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des abénakis.

reconnue. Duquesne en fut si mécontent qu’il porta plainte contre lui devant M. de Vaudreuil. Il l’accusa de trahison, disant qu’il avait dépassé de cinq mois l’époque qui lui avait été assignée pour son retour à Montréal, et qu’il avait employé ce temps à ourdir, avec les Anglais, des complots contre les Français. Johnson donna ses explications et se défendit le mieux qu’il put. Le gouverneur, obligé dans ces circonstances de se tenir sur ses gardes, et n’ayant aucune raison de croire que Duquesne voulait le tromper, trouva ces explications insuffisantes ; en conséquence, il ordonna que Johnson fut incarcéré dans la prison de Montréal.

Cet évènement fut un coup terrible pour la malheureuse famille, qui se trouva plus que jamais sans crédit, abandonnée et méprisée de tout le monde. Madame Johnson, le désespoir dans le cœur, alla elle-même frapper à la porte du gouverneur, pour lui exposer son malheur et demander pitié pour son infortuné mari. Le gouverneur la reçut avec bonté, et écouta avec émotion le récit de toutes ses souffrances ; mais il ne put lui accorder ce qu’elle demandait relativement au prisonnier. Il l’encouragea cependant à supporter son malheur, lui promit de secourir sa famille, et lui donna de suite une petite somme d’argent, pour acheter des provisions.

Madame Johnson, ignorant sa destinée future, prit le parti de louer de nouveau sa petite chambre, et par son travail elle put gagner la subsistance de sa famille. Elle avait la liberté de visiter, chaque jour, son mari en prison.