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concurrents, dont nous étions, qui avaient reçu chacun une commande d’essai de dix appareils.

J’eus alors le sentiment que c’était notre dernière chance de salut. Le concours dura six mois. Durant cette période, j’allais tous les jours inspecter nos appareils et ceux des concurrents. Je connaissais tous les conducteurs et tous les parcours, en particulier la rue Rochechouart, où s’effectuaient les relevés de température. Je notais toutes les fuites, les échauffements de tous les appareils. Notre radiateur centrifuge se comportait merveilleusement, tant au point de vue refroidissement qu’au point de vue solidité. Tous les espoirs étaient permis, lorsqu’un jour, examinant, au terminus de la rue du Poteau, un de nos appareils, je m’aperçus avec terreur que le ventilateur centrifuge était tout près d’éclater, menaçant le faisceau de tubes qui l’entourait d’une destruction complète. C’était la ruine. D’accord avec le chauffeur, je bondis à l’atelier et je ramenais, une heure après, un ventilateur neuf que j’installais immédiatement à la place du défaillant. Il était temps, l’incident n’avait même pas été signalé et, après renforcement des ventilateurs, il ne se reproduisit plus. Nous l’avions échappé belle et, un mois plus tard, nous recevions la commande officielle des 400 appareils. C’était la première en automobile, et il avait fallu près de trois ans pour l’obtenir. Nous étions sauvés, car, enfin, nous avions, devant nous, du travail pour six mois et, de plus, la référence merveilleuse que nous constituaient les autobus de Paris déclencha une série