Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/72

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― C’est le fils à Jacquot de Poisvillers-sur-Seine qui veut me faire payer vingt mille francs et qui m’appelle devant les juges, où sont-ils ?

― Qui ça ?

― Les juges.

― Mais, madame, on ne va pas comme ça devant les juges. Avez-vous un avoué ?

― Vous voulez dire un notaire, fit-elle en cherchant à se rendre compte. Ô candeur ! la bonne femme ne savait pas ce que c’était qu’un avoué. Elle ne connaissait pas ce noble ministère que tu exerces avec tant de distinction, ô Lazarille ! ajouta Me Bochard en se tournant vers un avoué qui faisait partie du groupe.

Bref, elle n’a eu ni paix ni trêve que je ne me sois chargé de son affaire ; elle m’a mené sur un banc, a fouillé dans un grand sac de toile et m’a remis tant de pièces de cinq francs que j’en ai plein mes deux poches de pantalon, qui vont crever tout à l’heure.

C’est un rêve ! un poème !

― Messieurs, il y a un coup à faire, suivons Bochard, dit Fretin, nous trouverons bien un orgue de Barbarie, un coutelas et un cuvier pour renouveler le drame de Fualdès.

― Je suis avec toi dans une affaire Goguela contre Chicandard, dit tout à coup un nouvel arrivant en s’adressant à Gorjeu, veux-tu plaider ?

Le nouveau venu était Oudaille, qui entraîna Gorjeu à la 5e chambre en lui disant : Allons-y, Gueymar !

― Il a des affaires, depuis quelque temps, Oudaille, observa Furpille. Quel joint a-t-il donc trouvé ?

Le fait est que, depuis deux ou trois mois, Oudaille avait des affaires. Ce qu’il avait trouvé, c’était bien