Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/27

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ministres étrangers qui venaient d’arriver et voulaient déjeuner en particulier. Impossible de faire sortir Chavigny. Elle imagina de le cacher dans une armoire et l’y enferma.

Il était temps ; à peine avait-elle tiré la clef que les deux voyageurs entrèrent. Se croyant seuls, ils s’entretinrent sans défiance d’une intrigue politique qui était le but de leur réunion : l’affaire n’était pas mince, il s’agissait d’un complot dont l’objet n’était rien moins que d’enlever la régence au duc d’Orléans. L’un des deux voyageurs était cet aventurier soudoyé par le cardinal Alberoni, pour enlever le Régent au bois de Boulogne et qui, n’ayant pu réussir dans son projet, s’était réfugié à La Haye où il tramait un nouveau complot. En se séparant, les deux voyageurs se donnèrent à jour fixe un autre rendez-vous au même endroit.

Chavigny sentit tout le parti qu’il pouvait tirer d’une pareille découverte. Il lui fut facile d’obtenir de la servante qu’elle le cacherait dans la même chambre le jour indiqué. Le rendez-vous eut lieu ; la conférence fut encore plus explicite.

Maître de leur secret, Chavigny écrivit au Régent qu’il avait à lui faire une révélation de la plus haute importance et, de retour à Paris, parvint à obtenir une audience du duc d’Orléans.

Chavigny n’eut garde de faire connaître les circonstances qui l’avaient si bien servi ; il attribua ses révélations à des relations plus élevées. Le prince le